Célébrer la Vie : Retrouver le sens de la gratitude et de la fête au cœur du quotidien
Portrait d'ici
Texte : Francine Morissette
Une célébration de la vie est un événement significatif rendant hommage à un paysage, à un évènement, à une vie vécue sur plusieurs années. Célébrer la Vie, c’est à chacun de le faire à sa façon, ouvrir tous ses sens, partager, échanger avec l’autre, être à l’écoute de l’autre, celui qui souvent est près de toi, celui que la vie met sur ton chemin…
Malgré la pandémie et les liens coupés ou ralentis depuis plusieurs mois, la vie nous amène à apprécier ce que nous tenions pour acquis. N’attendons pas les grands évènements pour festoyer, célébrons notre quotidien et partageons le bonheur d’avoir la Vie pour le faire. Chaque journée apporte ses expériences de vie et nous conduit vers un chemin qui est particulier à chacun.
Chacun de nous est unique et a une histoire spéciale à raconter. Denise est une bénévole auprès de l’organisme Albatros Drummondville. Sa vie bascula lorsqu’elle fut victime, en 1996, d’un grave accident de la route. Loin de se laisser abattre, Denise raconte comment elle a su grandir et être heureuse, malgré et grâce à cette épreuve.
La traversée de ses expériences de vie a conduit Denise à cheminer et à s’impliquer auprès d’organismes qui l’ont aidée et lui ont donné par la même occasion de redonner au suivant. Il en est résulté une redécouverte de l’émerveillement par rapport à la vie qu’elle célèbre de tout cœur.
Qui ou quoi vous a amené à l’organisme Albatros Drummondville?
C’est l’accompagnement auprès de ma mère en fin de vie. Ces moments partagés m’ont apporté des questionnements et des réponses par une introspection de mon cheminement personnel. Cette expérience a été formidable pour moi. Si c’est arrivé avec ma mère qui était proche, cela peut arriver avec d’autres aussi.
« Je peux vivre cela avec des personnes qui ne sont pas nécessairement de ma famille ». C’est ça qui m’a amenée à l’organisme d’Albatros Drummondville qui m’a offert une formation et la possibilité d’accompagner des personnes en fin de vie ainsi que leurs proches.
Comment se fait votre bénévolat, auprès de qui et combien de temps y consacrez-vous?
Cela fera un an bientôt. Les premiers patients étaient en fin de vie, mort imminente, donc on ne jase pas, pas d’interaction mais c’est du cœur à cœur. Quand j’arrive à la porte de la chambre du patient je laisse tomber Denise, c’est juste le cœur de Denise qui entre là. J’accompagne cette personne-là dans les derniers moments de sa vie. J’y consacre le temps que l’on me demande, cela peut être de deux à trois jours par semaine, tout dépendant des besoins de la personne. J’ai dû laisser une personne dans l’accompagnement, dû à la COVID dans ma famille, mais celle-ci est en fin de vie. J’espère qu’il me restera du temps à partager avec elle pour découvrir une nouvelle expérience de vie dans l’écoute de cette personne qui raconte son vécu, son histoire.
Avez-vous fait d’autres bénévolats avant Albatros ?
Du bénévolat j’en fais à l’Église où je joue de l’orgue à toutes les fins de semaine. J’en ai fait dans des mouvements où je suis allée chercher de l’aide pour me refaire pour ensuite redonner du temps comme bénévole. J’ai été bénévole deux ans pour la Tablée populaire de Drummondville. J’ai une de mes sœurs qui est dans un milieu hospitalier qui vit des problèmes de sclérose en plaque, je vais la voir le plus souvent possible.
Parlez-nous des expériences de vie qui vous ont conduites à être la personne que vous êtes aujourd’hui ?
Le 25 décembre 1996. Ma vie s’est arrêtée là. J’ai eu un gros accident de la route, je ne savais pas si je m’en sortirais. Ce que je savais c’est que j’avais 3 trois enfants et que c’est pour eux que je voulais me battre. Je n’avais plus de langue et depuis je n’ai plus d’odorat ni de goûter. Mon visage avait éclaté. Tout mon côté droit en avait pris un coup et j’ai été comme 11 ans en réhabilitation qui comprenait tout : apprendre à nouveau à manger, à marcher, à parler. J’ai été longtemps immobile et dans ces moments-là, ma vie a défilé souvent et j’ai vu plein de choses que j’ai vécues, des choses biens et moins biens. Alors j’ai demandé que les bonnes personnes soient placées sur ma route pour qu’elles puissent m’aider à réparer mes erreurs, pour qu’elles m’offrent la possibilité de redonner de la bonne façon.
J’étais une femme qui roulait à cent milles à l’heure comme secrétaire de direction dans une école, où j’étais très active, pleine d’entrain et pleine d’énergie. J’ai décidé, suite aux évènements de mon accident, de prendre plus mon temps pour savourer chaque moment de vie, parce que je sais maintenant que cela ne reviendra pas.
Cette prise de conscience, je l’ai vécue sur mon lit et après, je me suis mise à le mettre en pratique. Aujourd’hui j’ai appris à canaliser ses énergies, en donnant, en étant présente et à l’écoute de l’autre. Consciente que chaque jour qui m’est donné est un cadeau. Je le manifeste tous les jours avec mes enfants, mes petits-enfants quand je peux aller jouer avec eux, m’amuser dehors, glisser. Aujourd’hui j’ai un conjoint extraordinaire qui, comme moi, cherchait la bonne personne.
Que signifie pour vous « Célébrer la vie quotidiennement » et de quelle façon cela s’est déjà manifesté et se manifeste encore ?
La vie est plus facile pour moi, la vie est belle. Malgré les contraintes de la COVID, je serais très égoïste avec moi-même de ne pas célébrer la vie chaque jour.
OUI ! Les journées ne sont pas parfaites, il y a des petits nuages mais si je fais de ces petits nuages une tempête, c’est plus difficile de s’en sortir. Il faut aussi que je garde en tête qu’après les nuages c’est le soleil. Je me sers des expériences positives du passé pour apprendre.
Ce que j’ai reçu de l’équipe médicale qui m’a suivie m’a amené à redonner. J’ai perdu des facultés, il y a des choses que je ne peux plus faire, mais il m’en reste plein et j’en ai découvert d’autres. Ma vie est remplie d’énergie positive, dans tout ce qui m’arrive, je sais que j’ai les bonnes personnes sur ma route pour me faire avancer. Quand je regarde le milieu où j’étais, comparé au milieu où je suis aujourd’hui, je ne changerais pas une de mes pires journées aujourd’hui pour la meilleure du temps passé. Je ne suis plus la même Denise qu’il y a 60 ans.
Célébrer la vie en soi et autour de soi ! Avec ce printemps à nos portes, apprécions ce que nous sommes, ce que nous avons et tout ce que la vie nous a offert par nos expériences et nous offre encore, avec la confiance que la vie est notre alliée.
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