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31 mai

Le bonheur suprême d’être grands-parents

Texte : Diane Généreux

Un sentiment extrême m’habite en prenant pour la première ce nouvel être dans mes bras, un second souffle, un contact privilégié dans ma vie. Alors que jadis, nous courrions après notre temps, on peut se poser, profiter de ce temps avec l’autre. On partage avec confiance nos petits riens, ces caresses, et massages de leurs pieds et de leur corps, on se fabrique un plaisir instantané.

Apprendre à travers ces progénitures le sens du moment présent, s’attarder à l’enfant en soi. Chanter, danser, créer des chefs-d’œuvre, se terrer dans les parcs pour se découvrir par la suite. Quelle joie d’éplucher les légumes du jardin jadis semé ensemble, calculer les ingrédients d’une recette, se surprendre de leurs habiletés manuelles et regarder leurs binettes déguster ces gourmandises adorables ! Assises sur mes cuisses, elles apprennent à coudre des boutons, fureter dans les tissus, palper les textures pour mieux se déguiser. Raconter des récits, figer des photos d’instants merveilleux avec mon appareil ou celui de maman qui garniront ensuite un album annuel de leurs vies. Écrire une page de leur histoire, la perception du vécu durant cette année.

Après tout, nous désirons leur léguer notre passé, notre savoir, notre richesse dans nos talents afin qu’elles puissent aussi développer les leurs à leur propre rythme.

 

Lorsque nous préparons le café des grandes filles, ce lait de soya et d’amande qu’on mélange avec de la cannelle et de la muscade, je leur offre un nectar unique pour elles. On s’invente des rituels, des souvenirs inoubliables pour toujours. Nous discutons de la mort de leurs arrière-grands-pères, touchons à des sujets dont même les adultes n’osent parler. Ainsi à notre décès, on demeurera éternellement dans leur cœur, un minuscule sachet accolé sur leur peau.

Avec l’aide du grand-papa, elles découvrent une autre facette de la vie. Elles apprennent le nom des pays, le chant et les sortes d’oiseaux. Elles viennent nourrir les poissons dans l’étang ou l’aquarium, colore et partage des passions communes. Nous savourons de pouvoir prendre ces minutes pour elles et pour nous, partir à l’aventure, fabriquer des folies, rire de nous et les garder à coucher une nuit.

Malgré la pandémie, raréfiant ces contacts physiques si formidables, on affectionne de se regarder et jaser sur FaceTime, ou à l’extérieur. Nos yeux s’éblouissent en les voyant grandir, jouer à se barbouiller, conduire vélo et trottinette puis sauter sur le trampoline.

Je vous souhaite un jour de pouvoir apprécier un tel bonheur. Que ce soit au travers des enfants d’un frère ou d’une sœur, se sentir choyé de cette jeunesse qui s’épanouit en beauté. Le monde se construit à travers les événements, la transmission des anciens, les grands-parents à leurs touts petits, la poursuite de nous-mêmes. Être en mesure d’enseigner les valeurs du partage, de la justice, de l’honnêteté, de la gratitude, la fierté et la bienveillance envers soi et les autres. Et surtout, ne jamais se lasser de dire « je t’aime ».

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